La crise de la Zone Euro vue par « les marchés »


Il est constant de lire que la politique agit en fonction des « marchés », a peur des réactions des « marchés », souhaite réguler « les marchés »…mais qu’est-ce qu’en pensent réellement les « marchés » ? Il nous a paru intéressant de publier un billet rédigé par un opérateur professionnel des « marchés », Sacha Pouget, publié sur le site de trading http://www.sachapouget.com/

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Le point de vue des opérateurs de marché étaient si sombres sur les négociations de l’UE que la surprise a été de taille à la suite de la décision commune sur le fond de soutien européen, et sur les banques qui ont accepté une décote de 50% sur leurs titres de dette grecque.

Il faut dire que l’ampleur de la réaction des marchés sur l’accord ficelé à Bruxelles sur le FESF a pris par surprise les vendeurs à découvert. Si bien que les positions short ont du être rachetées, ce qui a eu pour effet d’amplifier la hausse observée suite à l’accord trouvé (+6,28% à Paris lors de la séance du 27 Octobre).
Les annonces faites par les dirigeants européens vont dans la bonne direction. Mais qu’on ne s’y trompe pas : le choix des politiques a été d’ « Acheter du temps«  (selon l’expression empruntée à Nicolas Doze). Les problèmes sur la dette ne sont pas réglés. Les dirigeants de l’UE ont été à la recherche d’un peu de répit sur les marchés. Et c’est ce qu’ils ont obtenu. Pour l’instant.
Car le fond du problème n’est pas réglé ! Il faut être lucide et garder à l’esprit que le jeu de domino en Europe sur la dette n’est peut-être pas terminé. Il a simplement été repoussé. Le temps aux politiques « de s’organiser ». A la va-vite. Alors qu’il aurait fallu agir depuis 3 ans maintenant. Pour autant, même dans des conditions difficiles de marché, il est toujours possible de réaliser de génèreuses Plus Values (avec mes Méthodes Pre-Catalyste, et Event-Driven). 
 
Procèdons à un rapide tour d’horizon sur la situation actuelle sur les marchés. 
 
Italie et Espagne 
 
Des mesures ont été prises en Italie et en Espagne pour contenir la Crise. Mais à l’heure actuelle, il est clair que le marché obligataire ne se fait pas berner par le manque de solutions à long terme pour des pays comme l’Italie et l’Espagne. Les rendements obligataires sont sous pression : 
 
En Italie, si on regarde en détails ce qui a été fait, c’est la consternation qui l’emporte devant l’attitude italienne pour réagir à sa situation (une croissance très molle, des recettes fiscales en berne qui et une dette de 2000 milliards d’euros). La « lettre d’intention » donnée par le gouvernement italien était au mieux risible : une augmentation de 2 ans de l’âge de la retraite d’ici 2026 (oui, dans les 15 prochaines années !), et un plan de réduction des dépenses pour récolter 5 milliards € par an. Un nouvel acte de la Commedia dell’Arte ! 
 
En Espagne, il n’y a pas de statu quo politique comme en Italie, et surtout une Dette moins importante. Pourtant, le pays traverse une grave crise, avec un chômage élevé et une croissance faible. 
 
France 
 
En France, même problème. Pour conserver le Triple A, la France doit agir. Vite. Pour trouver des recettes fiscales supplémentaires ou faire des économies sur ses dépenses. Des mesurettes ont été prises jusque-là (taxe sur les sodas, taxe des mega Riches, taxe sur les Hôtels de Luxe). Alors que la véritable décision aurait été d’appliquer la taxe sur les transactions qui pourrait rapporter 3 Milliards d’Euros par an selon moi (qui n’a QUE des avantages). 
 
Mais ce qui a retenu mon attention, c’est le jeu de la navette entre le Parlement et le Sénat. Il est d’ailleurs symptomatique de l’abandon politique pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés (voir le cas Dexia). Alors que le Budget était fixé jusque-là à partir d’un taux de croissance de 1,75%, Bercy table désormais sur 1% de croissance. Avec ce taux révisé à la baisse, il va falloir trouver 6 à 8 milliards d’Euros nous dit-on. 
 
Portugal 
 
La contraction monétaire au Portugal s’est intensifiée à un rythme alarmant et est imitant la tendance observée en Grèce, soulevant des inquiétudes. Les données publiées par la Banque centrale européenne cette semaine montrent que la masse monétaire M1 du Portugal (Trésorerie et comptes courants) ont baissé à un taux annualisé de 21% au cours des six derniers mois, avec une flambée en Septembre : 
 
Les données M1 sont regardées par les économistes comme un indicateur avancé de l’économie pour les six mois à un an à venir. Ça a été par exemple un signal d’alerte précis pour chaque étape de la crise depuis 2007. La tendance monétaire en Espagne s’est aussi fortement détériorée, avec une baisse de 8.4 %. Conséquence : la BCE devrait baisser ses taux d’intérêt rapidement. 
 
Une reprise des marchés en trompe l’œil ? 
 
 
Alors même qu’on a pu constater une reprise sur les marchés avec des rebonds de l’ordre de +20% sur les Indices, les semaines qui viennent devraient être abordées avec prudence. Au moins dans une perspective de court terme. Comme indiqué, ce rallye a été alimenté en grande partie par la couverture des shorts, mais des liquidités ont également été ré-investies ce qui a eu pour effet de soutenir le mouvement. 
 
De nombreux gestionnaires de fonds auraient été sous-alloués par rapport à leurs indices de référence. Maintenant, il y a aussi la possibilité que les Fonds d’investissement reprennent le chemin de l’investissement sur les Actions en cette fin d’année. Mais d’un point de vue technique, la hausse ne dépassera pas selon moi les +5 à +10% d’ici la fin de l’année. 
 
Sur le plan des Résultats des entreprises, les bonnes surprises ont été au rendez-vous. Là aussi, il ne fait aucun doute que cela a été un catalyseur pour la hausse de 20% qu’on a connu. Désormais, avec près de 60% des entreprises qui ont déjà publié leurs Résultats financiers, cet effet devrait s’atténuer : 
 
Le DAX pourrait aller tester la zone des 6500/6700 points. En fait, un nouveau test des 6500 devra être regardé très attentivement, car un échec sur ces niveaux pourrait précipiter une correction à court terme vers la zone des 6000/5800 points. 
 
Zone de congestion sur le S&P 500
 
 
Aux États-Unis, après la déconvenue du Triple A, des données économiques ont rassuré ce qui a étonné et surpris les opérateurs. Surtout concernant les chiffres du PIB et de la consommation personnelle.
 
Pourtant, étant donné que le S & P500 se rapproche des 1300 (un point pivot pour le marché lors de la première moitié de 2011), une consolidation dans les semaines prochaines pourrait intervenir et troubler les cartes.
 
On surveillera donc les 1300 points. Si on échoue sur ces niveaux, le S&P 500 pourrait reculer vers les 1250-1230 points. D’autant que mon Indicateur fétiche (le %S&P500 > MM50) nous signale une Zone cruciale de Test.
 
 En ce moment, 93.19% des titres qui composent le S&P 500 ont leur cours supérieur à leur Moyenne Mobile à 50 jours. On est en plein dans la zone de surchauffe ! Si on regarde l’historique sur les deux dernières années, on observe que la zone des 90% signale une consolidation. Si le ‘ % S&P 500 > MM50 ‘ bute sur sa Résistance des 93%, ce serait un signal Bearish. On observe dans ce cas un retour de la baisse. 
 
Conclusion : nous sommes tous Grecs ! 
 
 
« Nous sommes tous Grecs » – Tel a été le titre de la Note de recherche de l’équipe de SG Cross Asset Management publiée le 25 Octobre. L’équipe dirigée par Véronique Riches-Flores s’exprimait ainsi sur la situation actuelle : « nul ne peut invoquer l’immunité de la spirale que la Grèce a connu ». Je partage Entièrement ce point de vue. 
 
Les analystes de SG poursuivent, en mettant en avant dans leur rapport que « les économies occidentales sont matures, avec un PIB à faible potentiel, surtout après la crise financière ». En ajoutant : « nous sommes des pays qui vieillissent, nous n’avons aucune chance de voir nos revenus futurs s’améliorer de façon substantielle sur le long terme, nos capacités d’épargne se rétrécissent et nos retraites s’amenuisent ». 
 
Pas très optimiste comme commentaire. Mais réaliste selon moi. A cela, il faut jouter que les Etats n’ont désormais aucune cartouche pour relancer l’économie (avec des stimulus). La marge de manoeuvre est ultra réduite. Et c’est là, tout le drame de la situation actuelle. 
 
Conséquence : aucune amélioration n’est à attendre sur les marchés développés. Et les pays émergents, qui tiraient la croissance mondiale, sont en panne (voir les derniers Indices PMI, ou comme dans els économies occidentales, l’heure est à la contraction). En attendant, les peuples qui subissent les plans d’austérité sont sur les dents. Le 24 Novembre, une Grève générale va éclater au Portugal. Le Portugal connaîtra-t-il un scénario à la Grecque ? Il ne fait aucun doute selon moi que ce pays est sous pression. Il pourrait être le prochain domino. Et les portugais pourraient devenir Grecs pour de bon… 
 
Quels choix pour Investir ? Quelle Stratègie adopter ? Personnelement, je resterai Très vigilant sur les marchés Actions en préférant me concentrer sur des titres à forte conviction et qui bénéficient de catalyseurs à Très Court Terme, en limitant le nombre de lignes dans mon Portefeuille pour préserver au maximum les gains affichés ces derniers mois (+13% depuis le 24 juin). Le 1er Novembre, j’ai par exemple empoché des plus values sur les sociétés Pharma NXTM (+18,7%), EXEL (+50,5%). Et je me suis positionné sur une société spécialisée dans le sevrage tabagique … qui s’est appréciée de +96,6% en 24 heures.

Une Réponse

  1. Question à Sacha Pouget et à tous:

    Le Bancor est-il tabou?

    Pourquoi le Bancor n’est-il presque jamais évoqué ni débattu comme outil de régulation des échanges internationaux et comme moyen de redonner une certaine souveraineté de politique économique aux états?

    Est-ce parce qu’il ferait disparaître un des terrains de jeux favoris des prêteurs-parieurs et que ceux-ci sont assez puissant pour que le Bancor soit déconsidéré?

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