« LES JOURS HEUREUX » Quelles conclusions peut-on en tirer pour l’avenir?


Edito par Dominique Guizien (D&E)

 

Denis Kessler a eu raison de dire qu’il fallait défaire point par point le programme du CNR sinon on ne serait peut-être pas rendu compte que la démolition était déjà bien entamée et qu’on commençait à toucher aux fondations!

 

Stephane Hessel a raison de nous rappeler que le programme du CNR contenaient des principes auxquels il fallait continuer de nous référer, sinon on ne se serait peut-être pas rendu compte que dans ces principes , il y avait des valeurs universelles et que ce n’était pas que des vieilleries d’anciens combattants, ou pour parler plus crûment, des ratiocinations de vieux c…

 

Mais les relire c’est aussi se rendre compte qu’à l’époque ils avaient parfois écrits des énormités, idéologiquement très orientées et que ne pas le dire maintenant, c’était offrir des armes idéologiques à ceux qui voulait TOUT détruire, un point d’appui leur permettant de justifier leur position pour avoir trouver dans le potage démocratique, un poil de barbe bolchévique!

Mais les relire, c’est encore se rendre compte que le programme avait été écrit dans des circonstances économiques, politiques et sociales particulières et que ces conditions ayant changé, il fallait justement au nom du respect de ces principes envisager de changer de modes opératoires.

Que ressort-il finalement de ces quelques pages?

Premièrement, il existe un socle démocratique auquel tous les vrais républicains adhèrent et que personne n’a osé touché frontalement, mais qu’on écorne  par petites touches insidieuses. On préssent toutefois qu’en l’absence de réactions à ces coups de canif vicieux, cet édifice démocratique fondé sur les libertés publiques, la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ou la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme peut rapidement devenir d’une grande fragilité .

Et pus il y a tout le reste dont on se rend compte qu’il faut le réinventer. La social-démocratie, la démocratie chrétienne et les démocraties populaires ont vécu. Il faut peut-être réinventer une nouvelle démocratie sociale où l’économie planifiée ou même l’économie de marché feront place à ce qu’on commence à appeler « l’écolonomie ». Il est grand temps qu’on se rende compte qu’une protection sociale (y compris les retraites) fondée uniquement sur les salaires et gérée paritairement par des partenaires sociaux qui ne représentent plus qu’eux-mêmes est vouée à l’échec. Dans un monde où volens nolens  de moins en moins de gens passent de moins en moins de temps à travailler dans des entreprises dont la production représentent une part de moins en moins grande des flux financiers qui parcourent la planète, il faut évidemment trouver d’autres mécanismes de financement et d’autres modes de gouvernance pour asseoir solidement un système de solidarité économique et sociale.

De la même manière que les années 70 et 90 ont démontré que les économies dirigées étaient une impasse, la fin des années 90 et la première décennie du XXI° siècle ont montré qu’une économie de marché n’avait pas plus d’avenir sauf à aller de crise en crise vers ce qui pourrait être l’ultime. De nouvelles règles de gouvernance économique s’imposent qui violeront allègrement les dogmes des idéologies qui ont dominé les débats politiques ces 50 dernières années.

De plus, alors qu’on ne peut que déplorer l’étiolement des corps intermédiaires (partis politiques et syndicats), on doit se réjouir de la montée en puissance de ce qu’on appelle faute de mieux des ONG, c’est à dire des initiatives citoyennes dans le domaine de la défense des droits fondamentaux,  de la défense des consommateurs ou de la défense de l’environnement. Dans le cadre d’une démocratie représentative qui s’est toujours appuyée sur des corps intermédiaires pour fonctionner et ne pas être QUE dans la représentation, ne sont-ce pas là les nouvelles courroies de transmission d’une démocratie dont il convient de réinventer les autres rouages

Voilà quelques axes de réflexion qui me paraissent intéressants à creuser et autour duquel un consensus peut s’établir.

Si donc on considère que les principes énoncés par « les jours heureux » sont bons, nous avons en effet un socle solide autour duquel peut se nouer un nouveau pacte républicain. Après à chacun de dire comment il voit cette réinvention en fonction de sa sensibilité politique.

Mais au moins cela aura contribué à clarifier le débat politique avant les échéances dramatiquement cruciales dont je parlais dans un précédent billet. Il y aura ceux qui se reconnaissent dans cet « arc républicain » et il y aura les autres, ceux qui auront franchi la ligne.

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