L’entrepreneur, un enjeu idéologique, par Dominique Guizien

Dans le cadre de ses tribunes libres, Le Monde a donné la parole a quelqu’un qui se présente comme un entrepreneur et dit résider à Tianjin , en Chine donc. Le moins qu’on puisse dire est qu’il a une vision de ses rapports à l’Etat très contrastée. Manifestement dans sa vision du monde, il y avait en haut de l’échelle, le chevalier blanc des temps modernes, l’entrepreneur et face à lui le dragon étatique d’autant plus malfaisant qu’il est devenu socialiste. Mais en la matière, il n’est pas sectaire puisqu’il associe dans sa vindicte les mesures prises par les gouvernements de gauche comme par les gouvernements de droite

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/25/l-entrepreneur-bouc-emissaire-du-patriotisme-gouvernemental_1737602_3232.html

L’entrepreneur, bouc émissaire du patriotisme gouvernemental

Manifestement cet « entrepreneur » vit une expérience entrepreneuriale difficile car je connais autour de moi des entrepreneurs heureux d’entreprendre, d’avoir entrepris et même d’avoir cédé leur entreprise. Leurs reproches portent d’ailleurs le plus souvent sur la manie qu’a l’Etat d’essayer de récupérer le maximum de ce qu’ils ont accumulé, droite et gauche confondus, mais plus à gauche qu’à droite convenant en.

Le reproche majeur que je ferais au propos de ce Monsieur de la Chevalerie (un nom pareil, pour un « capitaine d’industrie », ça ne s’invente pas !), c’est d’affirmer sans nuance que l’objectif unique de l’entrepreneur c’est de « gagner de l’argent ». Et si l’objectif premier des entrepreneurs, des vrais, n’était pas d’abord de créer ?

L’article est évidemment polémique et demandait une réponse.

Il semblerait qu’une première réponse vienne du principal accusé, le PS. E effet dans le cadre de la préparation du congrès de ce parti, la contribution suivante a été publiée qui semble être une réponse au brulot publié par Le Monde

http://www.parti-socialiste.fr/congres/contribution/thematique/le-parti-des-producteurs-et-des-entrepreneurs-cest-nous

Le parti des producteurs et des entrepreneurs, c’est nous !

Cela dit le contenu de ce texte est très technocratique. On ne sent pas dans la rédaction de ce document que ses auteurs ont réellement connu les affres de la création et du développement des entreprises. En quelque sorte, il aurait été bon que ces socialistes qui tentent de démonter l’image « entrepricide » que veulent lui coller les « patrons libéraux » expriment le même raz-le-bol face à la complexité de l’environnement des entreprises pour pouvoir concentrer l’essentiel de leur proposition sur ce qui fait leur différence idéologique avec ces dits patrons : l’entreprise n’est pas faite pour assurer l’enrichissement d’un homme ou d’un petit groupe d’hommes, l’entreprise et faite pour créer et distribuer des richesses. La différence majeure est là.

C’est pourquoi d’ailleurs, il y a toujours dans le cadre de la préparation de ce congrès, une dizaine de contribution qui nous parle de l’économie sociale et solidaire car les entreprises de ce secteur ont depuis longtemps intégré cette conception de l’entrepreneuriat.

Si cette vision est partagée par la majorité du PS, voilà un point au moins où je pourrais être d’accord avec eux

Blog de Dominque Guizien

Revue de presse : Le retour inattendu de la démocratie d’entreprise

Article écrit par Philippe Trouvé, professeur au groupe ESC Clermont-Ferrand

paru dans : Le Monde – Idées

Extraits :

(…) C’est la leçon administrée par Michel Hervé et Thibaud Brière – le premier dirigeant du Groupe Hervé (chaudronnerie, énergie, numérique, 2 500 salariés), rompu depuis près de quarante ans à la démocratie participative et adepte de la dissémination des pouvoirs ; le second, ex-HEC, consultant philosophe – dans un ouvrage à paraître le 12 janvier  : Le Pouvoir au-delà du pouvoir, François Bourin éditeur…

(…) En s’appuyant sur l’expérience du premier, les deux auteurs passent à la moulinette les aberrations économiques et sociales qui ont conduit à des formes autoritaires de direction d’entreprise, accentuées au cours des dernières décennies par la sophistication accélérée des techniques de contrôle de gestion : déficit d’innovation, accroissement des coûts de contrôle, prolifération de procédures, compétition interne dévoreuse d’énergie et génératrice de stress, relations hiérarchiques tendues, personnels fuyant dans le désengagement…

(…) A croire que la plupart des entreprises seraient programmées pour échouer face à un environnement économique et socioculturel qui réclame un surplus d’agilité et d’innovation en même temps que liberté et autonomie des salariés.

(…) Face à ces tendances dominantes, la proposition démocratique, qui est plus une démarche en vue de l’innovation qu’une finalité, consiste à transformer les rapports de pouvoir dans l’entreprise en poussant le plus loin possible les mécanismes de codécision. Si elle n’abolit pas toute hiérarchie, elle cherche à la débarrasser de ses tendances à instituer le pouvoir d’un seul ou d’une minorité sur le collectif…

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